Il faut que je vous avoue un truc.
Je n'ai pas fait que trouver la grossesse chiante. A la longue liste des trucs répréhensibles d'après le 'c'est que du bonheur' style que j'ai à mon actif, il y a un truc qui m'a vraiment foutu les boules.
Pourtant je suis certaine qu'on est pleins, dans mon cas.
Vous savez toutes ces femmes qui te disent que 'dès qu'elles ont croisé le regard de leur bébé à peine sorti du ventre' ou bien 'dès qu'on l'a posé sur elle', bah elles se sont senties submergées par une vague d'amour incroyable ? Bah moi non.
Mes accouchements se sont super bien passés, franchement, je n'en garde aucun regret, c'était plutôt cool comme expérience (je suis donc détestable pour 90% des autres femmes de ce monde qui ont accouché et se souviennent d'une boucherie). Pas de délire hippie ou de communion avec mon moi profond, mais ça s'est bien passé, c'était quand même un truc très fort, et très émouvant.
Au début on te met ce minuscule machin tout chaud contre toi, et ton instinct animal te dicte aussitôt de le protéger.
Ensuite on te remonte avec lui dans la chambre, toi dans une blouse d'hôpital très seyante, lui dans son joli pyjama dans sa coque en plastique, qui pionce.
Et les deux fois (bon la deuxième j'étais un peu mieux préparée à ça). Je les ai regardé. Des heures. Attendant la vague.
Et rien.
C'est très étrange parce que l'expérience forte qu'on vient de vivre s'estompe très vite (par exemple là je vous dis que mes accouchements étaient trop cool, mais je me revois nettement chialer toutes les larmes de mon corps pendant mon premier accouchement en disant à mon mec qu'on avait été complètement con de vouloir un bébé parce que ma péri avait foiré et que je douillais dans la moitié de mon corps, et pour le deuxième, je voulais faire ma warrior à accoucher sans péri (enfin je me laissais une marge de manœuvre), et quand je me suis retrouvée terrassée par la douleur, toutes les deux minutes, alors que mon mec venait de s'endormir qu'il était 5h du mat et que je voulais qu'au moins un de nous deux se repose donc je ne pouvais pas HURLER, et que l'infirmière que j'avais appelé n'avait pas prévenu ma sage-femme (je suis donc restée une heure à m'accrocher aux barreaux du lit en serrant les dents jusqu'à ce qu'elle vienne et me dise que j'étais vraiment très gentille et me fasse cette putain de péridurale si merveilleuse)). bref, sachez-le, ce genre de truc ça s'oublie.
Et donc voilà, on a vécu ce moment incroyable, quelques heures après ça n'est déjà plus qu'un brouillard. Et derrière le brouillard le vide. je regarde ce petit être dormir et, mis à part cet instinct animal, et des mécanismes à base de filer le bib/changer la couche/changer de pyj, RIEN.
Les deux fois, je me disais que quelqu'un allait venir me le reprendre, me dire que c'est bon je l'avais eu trois jours maintenant c'était le tour de quelqu'un d'autre. ça n'était pas MON enfant.
L'amour chez moi, a mis du temps à arriver, petit à petit, s'insinuant en moi. Jusqu'à prendre en otage mes tripes.
Pourtant, en maman je suis du genre louve. De toute façon c'est bien simple j'aime toujours trop, trop fort.
Et mes enfants c'est pire que tout, enfin mon deuxième m'a un peu assagi là-dessus, je sais mieux lâcher du lest.
Mais en même temps que cet amour incommensurable et dévorant, et c'est assez contradictoire, j'adore les voir grandir, prendre leur indépendance peu à peu, les regarder devenir autonomes. J'ai tellement hâte qu'ils deviennent vraiment des enfants, plus des bébés du tout.
Voir leurs traits de caractères, les encourager dans leurs prises de risques, m'intéresser à ce qui leur plait, leur laisser faire leurs propres choix. C'est un peu tôt pour numéro 2 bien sûr, puisqu'il n'a que 7 mois, mais c'est vraiment quelque chose qui me tient à cœur. Être là, les soutenir, leur donner les clés pour conquérir le monde sans jamais leur imposer les choses. Et marcher quelques pas derrière eux. Pour les regarder s'éloigner avec fierté.