mardi 31 juillet 2012

Loin devant





Il faut que je vous avoue un truc.

Je n'ai pas fait que trouver la grossesse chiante. A la longue liste des trucs répréhensibles d'après le 'c'est que du bonheur' style que j'ai à mon actif, il y a un truc qui m'a vraiment foutu les boules.

Pourtant je suis certaine qu'on est pleins, dans mon cas.

Vous savez toutes ces femmes qui te disent que 'dès qu'elles ont croisé le regard de leur bébé à peine sorti du ventre' ou bien 'dès qu'on l'a posé sur elle', bah elles se sont senties submergées par une vague d'amour incroyable ? Bah moi non.

Mes accouchements se sont super bien passés, franchement, je n'en garde aucun regret, c'était plutôt cool comme expérience (je suis donc détestable pour 90% des autres femmes de ce monde qui ont accouché et se souviennent d'une boucherie). Pas de délire hippie ou de communion avec mon moi profond, mais ça s'est bien passé, c'était quand même un truc très fort, et très émouvant.

Au début on te met ce minuscule machin tout chaud contre toi, et ton instinct animal te dicte aussitôt de le protéger. 

Ensuite on te remonte avec lui dans la chambre, toi dans une blouse d'hôpital très seyante, lui dans son joli pyjama dans sa coque en plastique, qui pionce.

Et les deux fois (bon la deuxième j'étais un peu mieux préparée à ça). Je les ai regardé. Des heures. Attendant la vague.

Et rien.

C'est très étrange parce que l'expérience forte qu'on vient de vivre s'estompe très vite (par exemple là je vous dis que mes accouchements étaient trop cool, mais je me revois nettement chialer toutes les larmes de mon corps pendant mon premier accouchement en disant à mon mec qu'on avait été complètement con de vouloir un bébé parce que ma péri avait foiré et que je douillais dans la moitié de mon corps, et pour le deuxième, je voulais faire ma warrior à accoucher sans péri (enfin je me laissais une marge de manœuvre), et quand je me suis retrouvée terrassée par la douleur, toutes les deux minutes, alors que mon mec venait de s'endormir qu'il était 5h du mat et que je voulais qu'au moins un de nous deux se repose donc je ne pouvais pas HURLER, et que l'infirmière que j'avais appelé n'avait pas prévenu ma sage-femme (je suis donc restée une heure à m'accrocher aux barreaux du lit en serrant les dents jusqu'à ce qu'elle vienne et me dise que j'étais vraiment très gentille et me fasse cette putain de péridurale si merveilleuse)). bref, sachez-le, ce genre de truc ça s'oublie.

Et donc voilà, on a vécu ce moment incroyable, quelques heures après ça n'est déjà plus qu'un brouillard. Et derrière le brouillard le vide. je regarde ce petit être dormir et, mis à part cet instinct animal, et des mécanismes à base de filer le bib/changer la couche/changer de pyj, RIEN.

Les deux fois, je me disais que quelqu'un allait venir me le reprendre, me dire que c'est bon je l'avais eu trois jours maintenant c'était le tour de quelqu'un d'autre. ça n'était pas MON enfant.

L'amour chez moi, a mis du temps à arriver, petit à petit, s'insinuant en moi. Jusqu'à prendre en otage mes tripes.

Pourtant, en maman je suis du genre louve. De toute façon c'est bien simple j'aime toujours trop, trop fort. 

Et mes enfants c'est pire que tout, enfin mon deuxième m'a un peu assagi là-dessus, je sais mieux lâcher du lest. 

Mais en même temps que cet amour incommensurable et dévorant, et c'est assez contradictoire, j'adore les voir grandir, prendre leur indépendance peu à peu, les regarder devenir autonomes. J'ai tellement hâte qu'ils deviennent vraiment des enfants, plus des bébés du tout.

Voir leurs traits de caractères, les encourager dans leurs prises de risques, m'intéresser à ce qui leur plait, leur laisser faire leurs propres choix. C'est un peu tôt pour numéro 2 bien sûr, puisqu'il n'a que 7 mois, mais c'est vraiment quelque chose qui me tient à cœur. Être là, les soutenir, leur donner les clés pour conquérir le monde sans jamais leur imposer les choses. Et marcher quelques pas derrière eux. Pour les regarder s'éloigner avec fierté.

5 commentaires:

  1. Je pourrais te remercier 1000 fois d'écrire des choses comme ça. N'étant pas encore maman, je sais donc que le jour où ça m'arrivera, si je ne suis pas submergée d'une vague d'amour maternel dans la seconde, ce ne sera pas grave, et ça ne fera pas de moi une mauvaise mère !

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  2. Merci beaucoup :) ça me fait plaisir que mes mots trouvent écho en toi. C'est quelque chose qui m'a bouleversé, chamboulé, et peiné en fait. Sincèrement il y a une telle pression sur le 'devenir maman' (que ce soit 'il faut faire des enfants' ou 'les enfants c'est que du bonheur') et un tel tabou chez beaucoup, qui passent leur temps à t'étaler leur bonheur sans nuage (mon côté mauvaise langue se dit qu'en faire vraiment des tonnes c'est justement un peu louche, et que c'est peut-être une manière pour elles de se rassurer).
    Maintenant, je connais des blogs, tout ça (j'en parlerais ici un de ces 4) où le ton est différent, déculpabilisant...
    C'est dur d'avoir l'impression d'être la seule qui en chie, pour qui rien n'est naturel, et qui ne kiffe pas tout ça H24.
    C'est pour ça que dans mon quotidien, et ici aussi, je le dis nettement, que c'est dur parfois. Que je n'ai pas dormi une nuit complète depuis 2 ans, que parfois ils sont telllleeeeement casse-couilles que j'ai juste envie de claquer la porte et de me barrer une semaine à Bali, tout ça. Étonnamment quand j'en parle, les langues se délient (un peu.
    Mais ce silence m'effraie parce que dans leurs coins, pleins de mamans culpabilisent de ne 'pas faire bien', de mal s'y prendre, d'être nulles.
    Alors que non, en fait.
    Être une bonne maman c'est d'abord aimer ses enfants (mais ça s'apprend, ça vient peu à peu, comme en amour, comme en amitié), et essayer de leur donner les clés pour devenir de belles personnes.
    Après pour le reste, on fait comme on peut, et c'est déjà, vraiment, pas mal.
    Merci pour tes mots en tout cas :)

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  3. Il est tellement joli ce billet.

    Et tellement différent de toutes ces mères qui voudraient que leurs enfants restent des bébés à tout jamais, pour pouvoir pouponner toute leur vie.

    Fin on a déjà parlé du stade légumineux hein ^^.

    Je pense que ça fera du bien à plein de maman, de voir ce genre de témoignages, parce qu'on fait un tel foin sur le fait d'avoir des enfants que certaines se mettent une pression dingue sur des conneries et en oublient le plus important : un enfant, c'est un adulte en devenir. Et le rôle des parents, c'est d'en faire des adultes équilibrés, heureux, et surs de leurs choix. c'est le plus beau cadeau à leur faire, je crois.

    Et y'en a tellement qui ratent ça...

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  4. Sinon faut vraiment que tu enlève le truc qui nous demande de taper des mots illisibles avant de pouvoir poster. Avec mes yeux qui merdouilles, je fais défiler 20 mots avant d'en trouver un que j'arrive à peu près à déchiffrer, c'est insupportable. Je t'expliquerai comment faire, si tu trouves pas ^^

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  5. Merci ma belle :) et oui explique-moi comment virer ça !

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