mardi 10 juillet 2012

Miss tupperware

J'entends et lis souvent des filles dire qu'elles ne veulent pas d'enfants, mais rêveraient d'être enceintes. Après 17 mois de tests, j'ai juste envie d'apporter ma pierre à l'édifice (bien modeste, j'en conviens). (ce post sera long et sans image, je ne vois pas comment l'illustrer, toutes mes confuses) (mais si vous le lisez en entier vous êtes très sympas, voilà :)

Il y a clairement tout un imaginaire autour de la grossesse. Le miracle de la vie est entouré d'une aura particulière, où se plaindre est tabou. Tout le monde a en tête au moins une star enceinte et rayonnante, posant nue avec son ventre parfait et son sourire extra bright en couverture d'un magazine (et l'inverse fait rire grassement, comme dans le dernier Grazia où Sienna Miller assise comme elle peut en terrasse d'un café en fin de grossesse fait bien rigoler la journaliste. Bah oui Sienna, reste glamour, c'est pas compliqué merde).

Si certaines de mes copines me disent la bouche en cœur et des étoiles pleins les yeux que ces mois ont été les meilleurs de leur vie, il faudrait aussi dire que pour d'autres, il n'en est rien. Il y a celles qui le vivent mal, celles qui souffrent, celles qui ont des complications soit très reloues soient carrément invivables. Et puis il y a celles qui, comme moi, ne sont pas dans la catégorie des plus à plaindre, mais qui n'ont pas aimé ça du tout pour autant.


Et ce qui est un peu dur, je dois bien l'avouer, c'est que je sais que je n'aurais jamais d'autres enfants. On peut me bassiner avec les on ne dit jamais jamais et les tu verras dans quelques années, bah non. Je n'ai plus jamais envie d'être enceinte, ni d'avoir de tout petit bébé. Chaque jour qui passe et où mes enfants grandissent, je le vis comme une bénédiction. Je ne regrette pas une minute leurs premiers jours, j'ai juste envie qu'ils parlent, qu'on partagent vraiment des trucs. Et voilà, malgré ce choix, il y a cette petite voix en moi qui me dit que j'ai loupé un truc. Cette espèce de révélation karmique que vivent toutes ces filles, où elles sont tellement en phase avec elles-même, avec leur corps, avec leur féminité, tout ça. On m'a tellement vendu ça que j'ai l'impression d'avoir raté le coche, de n'avoir rien compris. Parce que si je ne fais pas partie des plus mal lotis, je n'ai....rien ressenti pendant ma grossesse.

Enfin rien, rien, j'y vais fort. En vrai il y a un truc que j'ai aimé : voir la relation se nouer avec leur papa, les sentir réagir à sa voix, à sa main. Mais moi, je me suis juste sentie comme un récipient. Vraiment.

La grossesse, ça a été un passage obligé, en gros. J'étais le tupperware de ces bébés, les garder en sécurité et au chaud le temps qu'ils soient assez grands pour affronter le monde. J'ai accepté les désagréments, des nausées quotidienne (et même multi quotidiennes) à l'obligation de faire très attention pour le deuxième (pour des risques cardio vasculaires, puis d'accouchement prématuré si les détails t'intéressent). Mais voilà (oui ça va être un article long comme le bras, pardon). Je n'ai pas kiffé. Et je m'en vais t'expliquer pourquoi (ça c'était l'intro).

Ceci n'est plus ton corps

Le premier truc qui m'a vraiment foutu les boules, c'est que je suis très très pudique, et pas du tout tactile (à part avec les gens que j'aime très fort). Et bien il faut savoir qu'une femme enceinte, quand bien même elle a un truc qui grandit dans son ventre style alien, reste pudique. Et que son ventre est toujours son ventre (même s'il est tout détendu et déformé et moche) (oui c'est moche j'y reviens taleur), sa peau toujours sa peau, sa poitrine toujours sa poitrine, son cul toujours son cul, même. A priori c'est un truc que ne peuvent pas concevoir le reste du monde (je grossis le trait en faisant des généralité, mais c'est quand même la majorité des gens, et pas les plus proches, forcément).

Des quasis inconnus te caressent le ventre, pour ressentir le miracle de la vie (et c'est super agressif, enfin dans mon ressenti, ce truc, les seules à avoir toujours respecté ça sont mes copines, qui soient n'en ont rien eu à carrer, soit m'ont simplement demandé avant de toucher, ce qui à mon sens est quand même la moindre des choses d'ailleurs) (en plus sérieux un ventre gonflé c'est quoi l'intérêt ?).

A peu près tout le monde se prend au jeu et fait un état des lieux réguliers de ta prise de poitrine (et oui non, quand c'est le boss de ton mec, ou même la copine de ton beau-frère devant ce dernier, je ne trouve pas ça très à propos), et tu es dans l'obligation de faire un compte rendu détaillé de ta prise de poids à tout un chacun. Avec commentaires en face et dans ton dos, pour plus de plaisir. Celle qui prend beaucoup est forcément une feignasse boulimique, celle qui ne prend pas se sous-alimente tellement elle est flippée par son poids. BIEN SUR. Et ça ne vient pas à l'esprit de ces charmantes personnes que chaque femme enceinte, et même chaque grossesse, sont différentes, et que la prise de poids n'est pas forcément de notre fait, en fait.

Alors quand j'en parle, on me rembarre en me disant que les gens font ça par gentillesse et que c'est moi qui voit le mal partout. Sauf que, faudrait pas oublier que la femme enceinte doit déjà gérer avec son propre reflet dans le miroir, alors quand en plus le reste du monde ramène tout à ça, c'est pas facile facile.

L'alien

Le ventre parfaitement rond, j'ai pas connu. Mon ventre à moi m'évoquait un camion renversé. Ou un œuf de pâques fondu qui fait la gueule. Il penchait dangereusement sur la droite. C'était moche. Et même habillée c'était moche. Et ne parlons pas des nombreux moments où le petit machin s'agitait, et où l'on pouvait admirer une main ou un pied détendre de l'intérieur la peau et se promener à la surface. Désolée mais ça n'avait rien de choupi. C'était juste chelou.

Les effets secondaires sympas

En plus des nausées donc, la fatigue, l’essoufflement au bout de 3 mètres de marche, l'odorat sur-puissant, et l'impression d'être coincé dans son futur corps de petite vieille, pour un test en intérim. Ne pas trouver de position pour dormir à cause de l'excroissance qu'on ne peut pas virer. Les changements d'humeurs...C'est bizarre mais tout ceci ne m'a pas vraiment fait me sentir épanouie.

Le néant

Tout comme à la maternité d'ailleurs, où je suis bien désolée d'avouer que je ne me suis pas sentie débordante d'amour tout de suite devant ma progéniture, je n'ai pas ressenti grand chose quand ils grandissaient pépère in utéro. Je savais que j'allais les aimer, qu'ils allaient être merveilleux (si si ils le sont, casse-couilles mais merveilleux quand même), mais en attendant ils n'étaient pas là...

C'est décousu tout ça hein ? et puis j'en oublie sûrement. On me trouvera sans doute malvenue parce que je n'ai pas à me plaindre, tout ça. Ce que je ne fais pas d'ailleurs. je suis bien retombée enceinte en connaissance de cause. Mais voilà, la grossesse je n'ai pas aimé ça, j'ai trouvé ça un peu pourri, plutôt chiant. Et je voulais simplement dire que ça peut arriver et que ça ne fait pas de nous une future mère nulle qui ne comprend rien à la magie du monde. Et qu'en vrai ce qui nous change, (mais qui ne nous révèle pas hein faut pas déconner, on peut être une personne très bien sans procréer) c'est une fois qu'ils sont là. Parce qu'ils bouleversent tout et remettent les choses dans un autre ordre.

4 commentaires:

  1. C'est pas du tout malvenu, au contraire, je trouve ça plutôt intéressant de désacraliser la grossesse. C'est vrai qu'on essaie de nous vendre une image super glamour, et à la limite de l'expérience mystique. Du coup, quand tu n'as que ce son de cloche, quand ça t'arrives, ça doit te faire bien bizarre. Pour moi, la grossesse, ce n'est "qu'une étape", tout comme les règles finalement (et ça ne viendrait à l'idée de personne de "glamouriser" cette période, enfin j'espère).

    Je dis ça, et pourtant, je fais partie de celles qui ont hâte d'être enceinte pour voir ce que ça fait (mon côté freaky-scientifique sans doute, j'ai toujours aimé les dissections et trucs dans le genre, alors le parasite qui s'agite dans mon ventre, pourquoi pas). Enfin bon, le jour où ça m'arrivera, je me la ramènerai peut moins...

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  2. Merci :) C'est exactement ça en fait, une étape. mais ça a quand même un côté un peu surréaliste et freaky justement, tout cette histoire. ça a beau être naturel, ça a vraiment un côté extraterrestre. Et les coups dans son ventre, c'est assez rigolo avouons-le (enfin au début, après c'est un tantinet lassant...surtout quand on enfante des relous qui te mettent des coups dès que ta position ne leur plait pas).

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  3. Tu m'as quand même vaccinée à vie de faire des enfants avec ta grossesse - en même temps celles qui trouvent ça merveilleux me vaccinent encore plus je crois. je vois pas comment une grossesse peut être merveilleuse. Y'a un truc dans ton ventre, déjà rien que ça quoi. Tu dois partager ton propre corps avec un truc que tu connais pas. Sérieusement, c'est violent quoi...

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  4. Oui c'est exactement ça, tu partages ton propre corps, et plus que le 'miracle de la vie' j'ai ressenti ça comme un truc extra-terrestre un peu flippant. On s'y fait, mais ça n'a rien de transcendant.

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